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En cas d’incendie, les fumées sont responsables de 80 % des décès

L’exposition aux fumées d’incendie, particulièrement en milieu clos, est le risque le plus important en cas d’incendie. La fumée : plus mortelle que les flammes elles-mêmes à cause de la sous-estimation du danger représente pourtant le risque le plus important lors d’un sinistre et représente la cause de 80 % des décès. La prise en charge des personnes ayant été exposées aux fumées d’incendie est très insidieuse et demande un examen approfondi accompagné d’un esprit critique pour ne pas passer à coter d’un diagnostic. Par ailleurs, une exposition aux fumées d’incendie s’accompagne généralement d’une intoxication au monoxyde de carbone et aux cyanures. Un état initial pourtant rassurant peut conduire à une insuffisance respiratoire mortelle.

Dans sa phase préhospitalière, la prise en charge des victimes commence souvent dans un contexte d’agitation. Les personnes ayant assisté à l’incendie de leur habitation ont souvent mis en place des actions de lutte contre les flammes et ont donc côtoyé les fumées.

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Le stress voire la panique et les modifications hémodynamique qui s’accompagne (tachycardie, tachypnée…) sont donc mélangé au tableau clinique d’intoxication. Leur volonté de prendre le temps de se faire examiner, en parallèle des différentes sollicitations parallèles (pompiers, force de l’ordre, assureur qu’ils ont contacté, proches inquiets…) est souvent très réduite et l’attention portée à l’examinateur parfois quasi-nulle. L’examen est donc d’ores et déjà atypique… Mais toute personne ayant été exposée (même de façon minime) doit être examiné et évaluer pour écarter le risque d’aggravation secondaire.

L’examen initial commence par interrogatoire d’anamnèse des faits, afin de comprendre l’implication de la personne dans le sinistre et le degré d’exposition aux fumées. Une recherche des antécédents médico-chirurgicaux s’accompagne pour évaluer plus précisément les différents risques de l’exposition. Un bilan hémodynamique doit également être réalisé pour objectiver des données chiffrées.

Cliniquement, le dépistage d’une exposition aux fumées se fait en recherchant : 

- L’existence d’une dyspnée
- Une raucité de la voix (œdème laryngé secondaire à une inflammation)

- Une toux

- Des traces de suie dans les orifices naturels (observation directe du fond de gorge, du palais mou, de l’arrière de la langue)

- Vibrisses nasales brûlés

- Des crachats contenant des traces de suie

Voici les principaux signes cliniques que l’on peut retrouver et leur fréquence d’apparition :

Symptômes

Fréquence d’apparition

Maux de tête

91 %

Vertiges

77 %

Faiblesse

53 %

Nausées

47 %

Confusion

43 %

Dyspnée

40 %

Alt2ration de la vision

25 %

Douleur thoracique

9 %

Perte de connaissance

6 %

Douleurs abdominales

5 %

Douleurs musculaires

5 %

Un patient conscient qui ne tousse pas (ou plus) peut toutefois présenter une détresse respiratoire sévère, à la suite de l’abolition de réflexe de toux,

L’examen peut être renforcé par un relevé de SpCO et de lactatémie capillaire et un électrocardiogramme. A l’hôpital, une mesure d’HbCO au cours d’une gazométrie complète pourra orienter le diagnostic. De manière plus invasive, une exploration par fibroscopie pourra mettre en évidence des traces de suie dans la trachée.

Le traitement de première intention repose sur : 

- Une soustraction au risque de surexposition
- Une oxygénothérapie

- En cas d’intoxication au cyanure, il est possible d’administrer de l’hydroxocobalamine (Vitamine B12 - antidote des cyanures)

- Des thérapeutiques par nébulisations peuvent également être prescrits 

Les cas les plus sévères seront pris en charge pour un arrêt cardio-respiratoire et feront l’objet d’une prise en charge réanimatoire spécialisée.

Les patients qui seront laissés sur place doivent être éduqués à la surveillance des éventuels signes clinique d’apparition tardive et solliciter le centre 15 en rappelant leur exposition aux fumées d’incendie devant toute apparition d’un nouvel élément clinique. Il est important de leur rappeler que la physiopathologie peut se déclarer tardivement et que l’absence de symptômes n’empêche pas une symptomatologie secondaire sévère…

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 L'auscultation des personnes ayant été exposées aux fumées d’incendie doit être méticuleuse car le diagnostic est insidieux.

 L'absence de symptôme (surtout de toux) chez une personne exposée ne doit pas être systématiquement rassurant.

 Une éducation importante des victimes doit se faire systématique pour une surveillance d’une péjoration de l’état clinique.

Sources de l'article :
Guide pratique des urgences médicales.
Axel ELLRODT. Ed. Estem

https://www.revmed.ch/

 

Sources image :
https://theconversation.com

https://www.closermag.fr

https://snspp-pats.com

https://www.infirmiersapeurpompier.com

Date de dernière mise à jour : 23/01/2024

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