Généralités
Un traumatisme de la boite crânienne (= au niveau de la tête) est un motif fréquent de recours aux urgences et concerne souvent une population estimée à risque : nos enfants et nos aînés. Dans cette population plus fragile, on entend souvent que tout choc à la tête est un traumatisme crânien. Il est temps de déconstruire cette idée reçue !
Le traumatisme crânien léger (TCL) représente la forme la plus fréquente des traumatismes crâniens pris en charge aux urgences. Selon la Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU), le traumatisme crânien est une atteinte cérébrale secondaire à un transfert d’énergie mécanique sur la tête, consécutif à un choc ou à une accélération brutale.
La difficulté majeure pour les soignants aux urgences est de différencier un traumatisme de la tête d’un traumatisme crânien léger.
Définition selon la SFMU et l’OMS
La définition du TCL repose sur des critères précis, validés au niveau international :
- Un score de Glasgow compris entre 13 et 15, mesuré 30 minutes après la blessure ou lors de la première évaluation médicale.
- La présence d’au moins un des éléments suivants :
- Confusion ou désorientation transitoire,
- Perte de connaissance brève (inférieure à 30 minutes),
- Amnésie post-traumatique inférieure à 24 heures,
- Toute manifestation neurologique transitoire (signe focal, crise convulsive, lésion intracrânienne ne nécessitant pas de geste chirurgical).
Le traumatisme crânien léger s’oppose ainsi au traumatisme crânien modéré ou sévère, caractérisé par un score de Glasgow ≤ 12, des signes neurologiques persistants, ou des lésions intracrâniennes nécessitant un traitement spécialisé.
Il s’oppose aussi au trauamatisme de la boite crânienne qui ne présente aucun des éléments de la liste ci-dessus. La conscience sera parfaitement conservée et le patient ne se plaint le plus souvent que d’une atteinte superficielle (plaie, hématome sous cutané,...)
Ces traumatismes de la tête sans aucun symptômes neurologiques à 30 minutes ne sont pas des traumatismes crâniens, et ne nécessitent pas une surveillance aussi rapprochée. En l’absence de développement ultérieur de symptômes neurologiques, ils ne nécessitent donc pas non plus d’imagerie à la recherche de saignement intracrânien, même en présence d’anticoagulant.
Conclusion
Les chocs à la tête représentent un motif extrêmement fréquent de consultation aux urgences, notamment chez l’enfant et la personne âgée.
Dans la grande majorité des cas, il s’agit de traumatismes de la boite crânienne sans atteinte cérébrale, c’est-à-dire de lésions superficielles limitées au cuir chevelu ou aux tissus sous-cutanés. Ces situations, bien que spectaculaires, sont bénignes et sans risque neurologique.
Le traumatisme crânien léger (TCL) ne concerne qu’une minorité de ces patients : ceux présentant une altération transitoire de la conscience ou des signes neurologiques même fugaces.
Différencier un simple choc de la boite crânienne d’un véritable TCL permet d’éviter la surmédicalisation de situations bénignes tout en assurant la détection précoce des cas à risque de lésion intracrânienne.
L’enjeu est donc d’adopter une approche raisonnée, centrée sur le risque réel plutôt que sur l’émotion liée au traumatisme.