Conséquence de la noyade sur les différents organes
Conséquences sur l’appareil circulatoire
Eau douce : L’eau douce serait susceptible d’altérer, d’une façon plus marquée, les propriétés du surfactant par rapport à l’eau salée.
Eau salée : L’inhalation d’eau salée peut s’accompagner d’une majoration du volume intra-alvéolaire (transfert osmotique). L'osmose provoque une déshydratation cellulaire, ce qui peut entraîner un œdème pulmonaire à la suite de l'accumulation de liquide dans les alvéoles. Ce processus peut provoquer une acidose métabolique et respiratoire. L'eau salée peut également causer une irritabilité des voies respiratoires et une réponse inflammatoire plus marquée à cause d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë (S.D.R.A) secondaire.
Quelle que soit la nature du liquide, les altérations alvéolo-capillaires entraînent un œdème lésionnel ainsi que des anomalies du rapport ventilation/perfusion.
Conséquences cardio-vasculaires :
Lors de l’immersion d’un corps, même jusqu’à la ceinture, il existe une redistribution sanguine vers le thorax par compression des membres inférieurs. Cela génère la synthèse du peptide natriurétique (B.N.P.). Ces peptides natriurétiques ont à la fois des effets natriurétiques, diurétiques mais augmentent également la perméabilité vasculaire et pourraient ainsi majorer un œdème pulmonaire existant. Ce sont eux (ainsi que l’hypothermie relative) qui majorent la diurèse quand vous allez dans l’eau.
Conséquences cérébrales :
L’altération de l’hématose entraîne une hypoxie touchant le cerveau en premier lieu. La perte de connaissance est très fréquente au cours de la noyade. Plusieurs études ont montré que les séquelles neurologiques étaient nulles chez les patients qui arrivaient avec un score de Glasgow (G.C.S.) à 15 aux urgences, inférieures à 10 % quand le G.C.S. était compris entre 10 et 15 et atteignent presque 25% pour un G.C.S. inférieur à 8. Les phénomènes d’ischémie-reperfusion sont alors au-devant de la scène avec constitution d’un œdème cérébral majeur difficile à juguler.
Conséquences métaboliques et électrolytiques :
Eau douce : La dilution rapide des électrolytes peut provoquer une hyponatrémie (baisse du sodium sanguin) et une hypervolémie
Eau salée : L’inhalation d’eau salé en grande quantité entrainerait une hypernatrémie et une hypovolémie.
Toutefois ces données sont théoriques et établi par modèles animaux. Ils sont peu retrouvés en pratique chez les patients survivants à une noyade.
L'hypothermie :
L’hypothermie est constante lors de la noyade.
Conclusion
Même s’il existe des différences physiopathologiques entre une noyade en eau douce et une noyade en eau salée — notamment sur l’effet de l’eau sur le surfactant, les échanges osmotiques ou les troubles électrolytiques — leur impact réel chez l’être humain est souvent moins important que ce que montrent les modèles expérimentaux.
En réalité, la quantité d’eau inhalée est rarement suffisante pour provoquer des déséquilibres majeurs, et les conséquences cliniques sont globalement les mêmes : hypoxie, œdème pulmonaire et détresse respiratoire. L’eau salée peut parfois provoquer une inflammation pulmonaire plus marquée, mais une atteinte respiratoire sévère peut arriver quel que soit le type d’eau.
Au final, peu importe l’eau : la prise en charge d’une noyade repose toujours sur les mêmes gestes essentiels — libérer les voies respiratoires, ventiler, réchauffer, alerter et surveiller. Ce qui compte vraiment, ce n’est pas la nature de l’eau, mais la capacité à intervenir efficacement et rapidement.