Les traumatismes dentaires ne représentent pas une urgence vitale. Ils peuvent être sous-diagnostiqués dans un contexte de prise en charge d’urgence. Ce sous-diagnostic est souvent lié au fait que le patient ne signale pas toujours de symptômes, ou que le praticien peut se concentrer sur des lésions plus critiques (comme les traumatismes crâniens ou les plaies du menton). En effet, une atteinte dentaire peut passer inaperçue, notamment si elle est peu douloureuse en l’absence de stimulation de la dent touchée.
Pourtant, un traumatisme dentaire peut entraîner des répercussions notables, non seulement pour la santé du patient, notamment en cas de complications (nécrose pulpaire, infection ou perte d’une dent pouvant entraîner des déséquilibres dans l’alignement dentaire) mais surtout en termes de coût financier
Le coût d'une consultation aux urgences pour un patient est modéré (19,61 € depuis janvier 2022) même lors de soins de lésion vitale. Pourtant, le reste à charge du patient pour un traumatisme dentaire, non vital, peut être cinquante fois plus élevé.
En effet, le remboursement des soins dentaires par la Sécurité sociale restant limité, surtout pour les actes esthétiques (comme les facettes ou les implants souvent non pris en charge), la charge financière repose en grande partie sur le patient, pouvant être en partie compensée par un remboursement complémentaire (mutuelle, assurance accident de la vie courante, ou assurance d’un tiers impliqué).
Cependant, cette prise en charge financière complémentaire dépend de l'établissement d'un certificat médical initial par le premier médecin constatant les lésions dentaires. En l'absence de certificat ou en cas d'erreur de numérotation, le remboursement des soins pourrait être compromis.
À titre d’exemple, la réfection complète d’une incisive peut coûter jusqu’à 1 200 €, montant souvent peu ou non remboursé par la Sécurité sociale.
Ce certificat est une obligation médico-légale opposable au praticien. Il permet au patient de faire valoir ses droits, tant pour sa santé que lors d’une action judiciaire contre un tiers. Il doit comporter l’identification de la ou les dents lésée(s) selon la F.D.I. (Les dents définitives sont numérotées de 11 à 48) et l’identification précise de la lésion (pouvant être rectifier ou préciser par un dentiste par la suite).
Cas particulier de la traumatologie dentaire de l’enfant
- Les dents lactéales avulsées ne se réimplantent pas
- En cas d’intrusion dentaire importante pouvant atteindre le germe de la dent définitive, un avis CMF est recommandé
- Rédaction d’un certificat médical initial comportant les mentions « impossibilité de se prononcer quant à la vitalité de la dent traumatisée ou sous-jacente à long terme » et « certificat valable jusqu’à la repousse complète, totale et non pathologique de la dent définitive sous-jacente ».
- Information auprès des parents du patient sur l’importance de ce certificat et l’impossibilité de garantir une repousse saine de la dent définitive sous-jacente.
Astuce
Il peut être intéressant de ne pas laisser partir des urgences un patient avec un traumatisme crânien ou facial, même bénin (plaie du menton) sans qu’il ait bu un verre d’eau très froide (avec glaçons). Ce simple stimulus permet la détection de fracture dentaire, luxation dentaire, nécrose pulpaire ou exposition de dentine, qui pourraient autrement passer inaperçu.