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Les D-dimères

 


Un dosage à ne faire que quand on n’y croit pas…

 

 

 

La coagulation sanguine nécessite l’intervention de 26 facteurs de coagulation, parmi lesquels figure une protéine essentielle, la fibrine (Facteur Ia). Lorsque la coagulation est activée, le fibrinogène, une protéine présente en faible concentration dans le sang, subit une transformation en fibrine sous l’action de la thrombine (Facteur IIa) et du facteur XIIIa, formant ainsi des filaments qui agissent comme un maillage pour emprisonner les globules rouges et former un caillot, ou thrombus. Ce processus est une étape clé de l’hémostase secondaire.

D’un point de vue chimique, le fibrinogène est un hexamère (six sous unités symétriques : α, β et γ), constitué de deux domaines D et un domaine E. Lors de la dégradation du fibrinogène, sous l’action de la plasmine, les domaines D et E se séparent mais les domaines D ne se séparent pas. Ils deviennent deux monomères de fibrine liés par leurs chaînes α ; le D-dimère. 

 

En biologie médicale, les D-dimères sont des biomarqueurs, c’est-à-dire que leur concentration peut refléter un phénomène spécifique du vivant, qu’il soit pathologique ou non. Ils partagent cette caractéristique avec d’autres biomarqueurs comme les troponines

Les D-dimères sont fréquemment dosés dans le cadre du diagnostic de diverses affections thromboemboliques, telles que la thrombose veineuse profonde ou l’embolie pulmonaire. Il est important de saisir les qualités et limites de ce test pour l’effectuer à bon escient.

Les D-dimères présentent une grande valeur prédictive négative (VPN), ce qui signifie que l'absence d'augmentation de leur taux permet d’exclure certaines pathologies, tandis qu'une élévation de leur concentration ne permet pas de tirer de conclusions précises et qu’il faut chercher ou éliminer la pathologie par un autre moyen.

De façon générale, la spécificité est faible car les D-dimères sont aussi élevés dans des états autres que la TVP : âge avancé, état inflammatoire systémique, cancer, traumatisme, hématome, période postopératoire, grossesse, post-partum, etc.

Le dosage des D-dimères dans la TVP est de plus en plus remise en question et doit dépendre de la probabilité d’une TVP. Pour un risque de TVP faible (< 5 % au score de Wells), une valeur normale des D-dimères est très fiable (99.1%) pour exclure une TVP sans nécessité de recourir à l’échographie. Toutefois, dès que la probabilité est non faible (> 5 %),  une valeur des D-dimères normales n’exclut plus que 89% des TVP. Autrement dit, 11 patients sur 100 auront une TVP avec un dosage des D-dimères normal. Cela rend donc ce test peu fiable pour un médecin qui devra recourir à une échographie doppler des membres inférieurs. 

De même, chez les patients souffrant d’embolie pulmonaire, le même phénomène est retrouvé. En cas de faible risque d’embolie pulmonaire, le dosage des D-dimères normal exclut à 98.6% une thromboembolie veineuse pulmonaire chez le moins de 80 ans (95 % chez le plus de 80 ans). Toutefois, en cas de probabilité haute selon le score de Wells, le dosage des D-dimères n’est plus recommandé et il faut réaliser un angioscanner thoracique d’emblée. 

Enfin, l'âge joue un rôle déterminant dans l’interprétation des D-dimères, car leur concentration augmente naturellement avec l’âge. Les valeurs normales de D-dimères sont généralement inférieures à 500 µg/l avant 50 ans, mais il est souvent admis après 50 ans qu’un seuil de positivité est fixé à 10 µg/l par année de vie (taux normal à partir de 50 ans ≤ âge x 10). 

Ainsi, une personne âgée de 93 ans verra ses D-dimères considérés comme normaux si leur concentration est inférieure à 930 µg/l. 

Étant donné leur lien direct avec les processus de coagulation, les D-dimères sont dosés à partir d’un tube bleu.

 

 

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Les points clés

 Les D-dimères sont des biomarqueurs de dégradation de la fibrine, utilisés principalement pour diagnostiquer des affections thromboemboliques comme la thrombose veineuse profonde et l’embolie pulmonaire

 Les D-dimères présentent une grande valeur prédictive négative, mais leur élévation peut être due à diverses causes non thromboemboliques, ce qui limite leur spécificité

La prescription du dosage des D-dimères doit être adaptée au contexte clinique, car sa valeur prédictive négative (c'est-à-dire sa fiabilité pour éliminer une pathologie) en dépend

 

 

 

 

 

Les sources de l’article : 
https://www.sfcardio.fr/page/chapitre-19-item-226-thrombose-veineuse-profonde-et-embolie-pulmonaire#thrombose
Wells P, Anderson D, Rodger M et al. Evaluation of D-dimer in the diagnosis of suspected deep-vein thrombosis: randomised controlled trial. N Engl J Med 2003;349:1227-35.
https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2014/revue-medicale-suisse-446/d-dimeres-et-suspicion-d-embolie-pulmonaire-seuil-adapte-a-l-age
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0735109717397590
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16403929/

 

 

Les sources de l'image :
https://www.labio.fr
https://www.sciencedirect.com

Date de dernière mise à jour : 13/09/2025

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