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Il existe un phénomène appelé : «Diamant Létal»

Le traumatisme est la cause la plus fréquente de décès et de handicap à travers le monde. Les hémorragies chez le patient traumatisé sont responsables de 33 % de décès, en tête des causes chez ce type de patients. Le choc hémorragique se produit de manière précoce dans les premières minutes ou de manière tardive, par défaillance multi-viscérale secondaire à l’état de choc prolongé. Les patients les plus à risque sont les traumatisés sévères, c’est-à-dire tout patient blessé présentant une ou plusieurs lésions, dont au moins une menace le pronostic vital.

Le choc hémorragique post-traumatique peut se définir comme une défaillance circulatoire aigue survenant à la suite d’une perte sanguine massive et brutale secondaire à des lésions organiques. Ce choc est responsable d’une baisse de la pression artérielle moyenne, qui reflète l'état de perfusion tissulaire et responsable de lésions secondaires et d’une coagulopathie qui entretiendra le phénomène hémorragique. 30 % des patients traumatisé sévère vont développer une coagulopathie qui est l’élément majeur de la triade létale.

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Le diamant létal se définit comme un cycle auto-entretenu de perturbations homéostatiques, dont le début se traduit par une perte soudaine et brutale de sang. Une fois ce phénomène débuté, le corps entre dans un cercle «vicieux» de dysfonctionnement entre quatre problématiques : l’hypothermie, l’acidose, la coagulopathie et l’hypocalcémie. Ces quatre problèmes sont étroitement liés et se potentialisent les uns par rapport aux autres : 

  • L’hypothermie : Elle est fréquente chez le patient traumatisé sévère : environ 2/3 des patients pris en charge présentent une température < 36°C. Elle est liée à une diminution de la production de chaleur du patient (immobilité du patient) et à la déperdition de chaleur (remplissage par solutés froids, effraction de la barrière cutanée, environnement extérieur…). De plus le sang à un rôle de transport de la chaleur produite par certains organes et c’est grâce à lui que le corps peut réguler sa température. Une hémorragie entraine donc une diminution de «liquide chaud», et donc une diminution de la chaleur corporelle. 
    Cette hypothermie entraine alors un allongement des temps de coagulation en inhibant l’efficacité des différents facteurs de coagulation et des plaquettes. A savoir que -1° C de température corporelle entraine une baisse de 10 % de la fonction d’hémostase.

  • La coagulopathie : Elle est favorisée par 3 facteurs : l’hypothermie (vue précédemment), l’hémodilution et les anomalies plaquettaires.
    L’hémodilution va débuter avec la perte sanguine. Une partie des 26 facteurs physiologiques de coagulation et des plaquettes vont être perdus directement avec le saignement et par la formation d’hématomes recrutant une certaine quantité de facteurs de coagulation pour éviter un phénomène d’auto-alimentation hématique. La perte sanguine va entrainer une vasoconstriction, une hypotension et une redistribution de la circulation sanguine. L’eau contenue dans le milieu interstitiel va migrer vers les composants vasculaires du fait du changement de pression osmotique et va ainsi créer une première dilution des éléments de coagulation encore présents dans le milieu vasculaire. Secondairement l’hémodilution va se maintenir par la mise en place d’un remplissage vasculaire par cristalloïde et/ou colloïdes, avant l’utiliser des produits sanguins (comme la transfusion, par exemple).

    Les anomalies plaquettaires sont quantitatives et qualitatives :
        - Quantitatives par le fait de la consommation de celles-ci lors du saignement, pour participer à la formation de clou plaquettaire.

        - Qualitative principalement au cours de l’hypothermie, qui va générer une altération de l’expression à la surface des molécules avec des troubles de l’activation, de l’adhésion et de l’agrégation plaquettaire.


    In fine, la coagulopathie du traumatisé sévère est un processus complexe avec de multiples implications : la (les) lésions tissulaire(s), l’état de choc, l’hémodilution, l’hypothermie, l’acidose et l’inflammation.

  • L’acidose : L’altération du pH sanguin est une bonne prédiction pour le risque de coagulopathie. Elle est directement liée à la perte sanguine et à l’hypoperfusion tissulaire. Elle traduit une souffrance organique. Elle est due à l’accumulation des métabolites (acide lactique) pour donner suite à l’hypoperfusion tissulaire, une diminution de la fonction rénale qui génère une diminution des ions H+ et à une accumulation excessive en bases. L’acidose engendre une diminution de l’efficacité des facteurs de coagulation et un allongement du temps de céphaline active (T.C.A.).

  • L’hypocalcémie : Le calcium est un ion (particule chargée électriquement) est présent sous différentes formes au sein de l’organisme. Il a des Au sein de celui-ci, il joue différents rôles, comme celui se renforcer les os mais il a aussi un rôle dans la dans la conduction nerveuse ou dans la libération d’hormone. Il apporte également un intérêt certain en cardiologie dans la contraction du muscule cardiaque. Mais alors quel est le lien avec le traumatisé sévère : le calcium joue un rôle dans la coagulation, en intervenant dans les premiers stades de ce phénomène. C’est pour cette raison que lorsqu’il est perdu lors du saignement massif, il aggrave alors la coagulopathie. Le remplissage augmente pour sa part la dilution du calcium circulant tandis que la transfusion sanguine neutralise le calcium à cause du citrate qu’elle apporte. Pour l’heure, le moment où administrer du calcium reste mal défini, même si les données actuelles suggèrent qu’une administration plus précoce pourrait être avantageuse.

Comment lutter contre ce diamant létal ?

  Secouriste Préhospitalier Médicale
Hémorragie

+ Compression manuelle directe
+ Pose d’un garrot

+ Mise en place d’une ceinture pelvienne

+ Pose de pansement hémostatique

+ Pose de VVP
+ Remplissage par solutés cristalloïde

+ Transfusion
+ Damage control chirurgical

+ Embolisation

Hypothermie

+ Couvrir
+ Mettre au chaud

+ Perfusions réchauffées
+ Couvertures chauffantes

Coagulopathie

+ Remplissage raisonné
+ Hypotension permissive en absence de traumatisme crânien

+ Complexes pro-thrombiques immuns, antagonisations,  AVK

+ Acide tranexamique
Facteurs de coagulation recombinants

Acidose

+ Mesure et surveillance de la lactatémie
+ Mise en place de traitement correcteur (ions, bicarbonates…

Hypocalcémie

+ Administration de calcium

 

L’entrée en ligne de compte de l’hypocalcémie transforme donc la triade létale en diamant létal. L’acronyme triade létale reste néanmoins utilisée car elle tient compte des trois facteurs pouvant être traités en préhospitalier. En effet, la gestion de l’hypocalcémie relève d’avantage du soins réanimatoire.

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 Une personne traumatisée sévère s’expose à 4 facteurs qui vont aggraver son saignement

 Ces 4 facteurs sont la conséquence directe et l’aggravation d’un saignement important

 Ces 4 facteurs sont reliés entre eux et se potentialisent l’un-l’autre

Les sources de l'article
https://entraide-esi-ide.com
https://www.sfmu.org

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov

Les sources de l'image :
 https://smurbmpm.fr/

Date de dernière mise à jour : 24/04/2024

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