L’urine est un déchet naturel du corps. Son évaluation clinique, basée sur la quantité, la clarté, et l’odeur, fait partie des pratiques courantes des professionnels de santé, le plus fréquent est la bandelette urinaire, qui contient en 2 et 12 réactifs. En cas de besoin, des analyses plus approfondies peuvent être réalisées grâce à divers outils technologiques. Historiquement, au Moyen-Âge, les médecins allaient jusqu’à goûter l'urine pour mieux en évaluer les caractéristiques. L'urine contient de nombreux déchets métaboliques provenant de l'organisme, éliminés après filtration rénale.
La couleur de l'urine constitue un paramètre clinique important. Normalement, elle est jaune clair, limpide, et présente une odeur discrète, parfois décrite comme "safranée", avec un pH légèrement acide. Un changement de couleur peut signaler une concentration accrue de certaines substances : par exemple, une urine jaune foncé (comme celles observées au réveil) est souvent plus riche en urobiline. Une couleur orangée ou brune peut être le signe de troubles hépatiques ou biliaires, tandis qu’une teinte rosée ou rouge suggère la présence de sang (hématurie). Inversement, une urine plus claire ou incolore témoigne d'une dilution plus importante (diabète insipide).
Certains colorants alimentaires naturels ou artificiels peuvent également modifier la couleur des urines (les asperges peuvent donner un aspect verdâtre aux urines). En milieu médical, le bleu de méthylène, utilisé dans la coloration histologique des tissus ou comme antidote en cas de méthémoglobinémie (intoxication au cyanure, au poppers, aux nitrites,…), peut colorer les urines en bleu. De même, certains médicaments tels que l’érythromycine, la ifampicine ou l’hydroxocobalamine (vitamine B12) peuvent teinter les urines en rouge ou orange.
Toutefois, le propofol, un anesthésique général, peut les colorer en vert (ou en rose dans un milieu acide).
Le propofol est un anesthésique à action rapide et de courte durée (bien reconnaissable par son aspect blanc laiteux), utilisé principalement en anesthésie générale ou dans certaines interventions d’urgence, telles que les réductions de luxation. Bien que son mécanisme d'action précis ne soit pas totalement élucidé, il est généralement admis que le propofol exerce ses effets sédatifs et anesthésiques en modulant positivement la fonction inhibitrice du neurotransmetteur GABA via le récepteur GABA_A.
Contrairement à une idée reçue largement véhiculé, le propofol n’est pas une benzodiazépine bien qu’il partage des caractéristiques communes avec cette famille.
Lors des perfusions prolongées de propofol, notamment pour maintenir une sédation, une coloration verte des urines peut apparaître. Ce phénomène est dû à la présence de métabolites phénoliques, issus du métabolisme hépatique du propofol. Cette teinte anormale des urines apparaît lorsque la capacité de dégradation hépatique est dépassée par la quantité d'anesthésique à éliminer. Il est important de noter que l’urine verte n’a pas d’effet toxique sur le rein et ne compromet pas sa fonction.
Il n’est en aucun cas prédictif de la survenue d’un effet indésirable grave du propofol ; le syndrome de perfusion du propofol, parfois mortel.