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La contagiosité de la rougeole

La pathologie la plus « virale » au monde

Généralités

L’objectif de la prévention des transmissions infectieuses est d'éviter qu'une personne contaminée, qu'elle soit symptomatique ou non, ne transmette l'agent pathogène à d'autres individus. Pour ce faire, les professionnels de santé doivent mettre en œuvre des mesures barrières visant à interrompre cette transmission. Le schéma global de la contamination peut être représenté par la chaîne infectante, qui illustre les différentes étapes de la transmission des agents pathogènes (Bulletin n° 7 : Les précautions complémentaires d’hygiène).

La virologie, discipline consacrée à l'étude de la transmission des agents infectieux, repose sur plusieurs concepts clés :

  • La contagiosité : Définie comme le nombre de personnes susceptibles d'être infectées par un individu malade, la contagiosité est souvent exprimée par le taux de reproduction de base, noté «R0». Ce chiffre reflète combien de personnes peuvent être contaminées lorsqu'un malade est placé dans une pièce avec 100 personnes.
  • La virulence : Ce terme désigne la capacité d'un agent pathogène à se multiplier dans l'hôte et à provoquer des dommages. L'évaluation de la gravité d'une épidémie se fonde généralement sur le ratio entre le nombre de décès et le nombre de cas confirmés. Cependant, cette estimation peut s'avérer complexe en pratique.
  • La période d'incubation : Il s'agit de la durée qui s'écoule entre l'introduction de l'agent pathogène dans l'organisme et l'apparition des premiers symptômes. Un individu porteur d'un agent infectieux sans présenter de symptômes est qualifié de «porteur sain». Il est important de noter que certains agents pathogènes peuvent se transmettre durant cette période, tandis que d'autres ne le peuvent pas.

Le R0

Le R0 (ou taux de reproduction de base) de la rougeole est particulièrement élevé, généralement estimé entre 12 et 18. Cela signifie qu'une personne infectée peut, en moyenne, transmettre le virus à 12 à 18 autres personnes dans une population de 100 personnes entièrement susceptibles, c’est-à-dire sans immunité préalable ni vaccination.

La rougeole reste une maladie sévère voire mortelle. Environ 30 % des cas de rougeole développent des complications, qui peuvent inclure une pneumopathie (qui est souvent la cause de décès) ou une encéphalite (laissant des séquelles neurologiques potentiellement importantes). Sa mortalité sans vaccination est estimée entre 1 et 10 %.

Importance du R0 de la rougeole

La rougeole est l'une des maladies infectieuses les plus contagieuses connues. Son R0 élevé est attribué à plusieurs facteurs :

  • Le mode de contamination : La rougeole se propage principalement par des gouttelettes respiratoires lorsqu'une personne infectée tousse ou éternue. Le virus peut également se transmettre par des aérosols, ce qui signifie qu'il peut rester en suspension dans l'air pendant un certain temps après le départ d'une personne infectée (jusqu’à 15 minutes dans une pièce ventilée, et jusqu’à deux heures dans une pièce confinée ou sans aération).
  • La résilience du virus : Le virus de la rougeole peut survivre sur des surfaces inertes (comme des meubles, des poignées de porte, ou d'autres objets) pendant plusieurs dizaines de minutes, voire jusqu'à deux heures dans certaines conditions. Cela signifie qu'une personne peut contracter la maladie en touchant une surface contaminée puis en portant ses mains à la bouche, au nez ou aux yeux.
  • La contagiosité : Une personne infectée peut transmettre le virus à d'autres personnes jusqu'à cinq jours avant l'apparition de l’éruption cutanée et jusqu'à cinq jours après. Cela rend difficile le contrôle de la propagation, car de nombreuses personnes peuvent être contagieuses avant même de réaliser qu'elles sont porteuses de ce virus.

Le rôle de la prévention et de la vaccination

Pour une pathologie aussi contagieuse, résiliente et avec un RO aussi élevé, une stratégie de confinement ne suffirait pas. Voilà pourquoi l’O.M.S. recommande la vaccination. La vaccination contre la rougeole est généralement considérée comme ayant une efficacité d'environ 93 % après une seule dose et 97 % après deux doses. Cela signifie que presque tous les individus vaccinés développent une immunité contre la maladie après avoir reçu les doses recommandées. De plus, la vaccination réduit non seulement l'incidence de la rougeole, mais diminue également les complications associées à la maladie, telles que la pneumonie, l'encéphalite et les décès, qui peuvent survenir chez les patients non vaccinés.

Pour contrôler efficacement une épidémie de rougeole, il est indispensable d’atteindre une couverture vaccinale d’environ 95 % de la population. Ce seuil permet d’interrompre la transmission du virus et de protéger les individus les plus vulnérables, notamment les nourrissons et les personnes immunodéprimées.
En 2023, le nombre de cas déclarés en France a été multiplié par huit par rapport à 2022, une tendance inquiétante qui se confirme d’année en année. Une dynamique similaire s’observe aux États-Unis, où cette progression a conduit à une épidémie de rougeole en 2025.
Cette recrudescence s’explique en grande partie par la baisse de la couverture vaccinale, estimée à environ 91 % chez les adultes français. Ce recul préoccupant est fortement corrélé à la diffusion massive de désinformation, notamment sur les réseaux sociaux et parfois relayée par certaines figures politiques. Il en résulte une méfiance croissante à l’égard des vaccins, compromettant la protection collective et le contrôle des maladies évitables.

Pour rappel, le vaccin protégeant contre la rougeole, le ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole), est obligatoire en France pour les enfants nés après 1980. Cela signifie que les adultes actuels âgés de 45 ans et plus pourraient ne pas bénéficier d’une couverture vaccinale complète. Ils sont donc particulièrement à risque.
Un rappel vaccinal est recommandé (mais non obligatoire) dans cette population.

Conclusion

La lutte contre la rougeole repose sur une mobilisation collective. Les professionnels de santé en sont des acteurs essentiels : non seulement en étant eux-mêmes vaccinés pour limiter leur risque personnel et celui de leurs patients, mais également en jouant un rôle actif dans la promotion d’une information loyale, éclairée et fondée sur les données scientifiques.
Cela implique, en premier lieu, de ne pas relayer la désinformation omniprésente dans notre société. Pour répondre aux interrogations du public, il est essentiel de s’appuyer sur des sources fiables, accessibles sur des sites validés scientifiquement et régulièrement mis à jour.

Illustration médicale de l'article

LES POINTS CLÉS

La rougeole a l’un des R0 les plus élevés.
Cette maladie peut provoquer des complications durables lorsqu’elle n’est pas mortelle (1 à 10 %).
Une couverture vaccinale d’environ 95 % d’une population permet de contrôler efficacement les épidémies de rougeole.
De nos jours, la désinformation est l’alliée principale de la rougeole.

Sources de l'article

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/measles

https://www.cdc.gov/measles/about/index.html?CDC_AA_refVal=https%3A%2F%2Fwww.cdc.gov%2Fmeasles%2Fvaccination.html

https://www.has-sante.fr/jcms/p_3456351/en/actualisation-des-recommandations-et-obligations-vaccinales-des-professionnels

Source de l'image

https://www.geres.org

Date de dernière mise à jour : 13/06/2025

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