Généralités
Pendant des années, il était recommandé de ne pas laisser dormir un patient ayant subi un traumatisme crânien léger (TCL), ou de le réveiller régulièrement au cours des 24 à 48 premières heures. Cette attitude, issue d’une logique de prudence historique, reposait sur la crainte d’une dégradation neurologique silencieuse pendant le sommeil. Les données récentes et les recommandations officielles, notamment celles de la SFMU et de la SFAR, montrent désormais que cette pratique n’a plus lieu d’être.
Une mesure préventive sans fondement scientifique
Cette consigne ancienne provenait d’une époque où les moyens d’évaluation (imagerie, biomarqueurs, critères cliniques standardisés) étaient plus limités. On craignait alors qu’un patient «qui s’endort» ne sombre en réalité dans le coma. Or, un patient ayant subi un traumatisme crânien est classiquement somnolent sans que cela ne préjuge de la sévérité de l’état neurologique lié au traumatisme.
Or, les études contemporaines n’ont jamais démontré qu’empêcher un patient de dormir ou le réveiller régulièrement améliore le pronostic neurologique ou réduit le risque d’hémorragie intracrânienne.
Les recommandations actuelles privilégient une surveillance clinique raisonnée, fondée sur l’observation de signes d’alerte plutôt que sur un réveil programmé.
Le sommeil n’est pas un danger, mais un facteur de récupération
Chez un patient à faible risque (score de Glasgow à 15, sans troubles de l’hémostase, sans vomissements répétés ni déficit neurologique), le sommeil n’est pas contre-indiqué. Il participe même au processus de récupération cérébrale.
Les recommandations de la SFMU précisent qu’un patient stable peut être autorisé à dormir, à condition qu’il soit surveillé par un tiers capable d’identifier les signes d’aggravation :
- Coma (patient ne pouvant pas être réveillé) ou confusion croissante
- Vomissements répétés (> 2 vomissements en 24h)
- Céphalées intenses persistantes ou s’aggravant
- Déficit neurologique focal
Fin d’une pratique contraignante et anxiogène
Le réveil toutes les quatre heures, autrefois prôné, n’apporte aucun bénéfice démontré et nuit au repos du patient. Il augmente la fatigue, les troubles du sommeil et parfois les symptômes post-commotionnels (céphalées, irritabilité, troubles de l’attention).
Les recommandations françaises et internationales convergent aujourd’hui vers une approche plus pragmatique : repos, information claire et surveillance adaptée plutôt que réveil forcé.
Conclusion
Le réveil systématique après un traumatisme crânien léger est une idée reçue infondée.Chez les patients stables, sans facteur de risque, il n’est ni utile ni recommandé d’empêcher le sommeil ni de pratiquer un réveil toutes les 4 heures.
La priorité est d’informer le patient et son entourage sur les signes devant motiver une réévaluation médicale, et non de perturber le repos nécessaire à la récupération cérébrale.