Vign 174

 

Les affections mammaires chez la femme allaitante

 


Des anomalies dans la voie lactée...

 

 

 

Lors de l’allaitement, le sein maternel subit des variations physiologiques favorisant la production d’un lait adapté aux besoins nutritionnels et immunitaires du nouveau-né, tant en quantité qu’en composition.

Cependant, ces modifications peuvent induire des pathologies mammaires douloureuses et potentiellement dangereuses pour la mère et l’enfant. Ces affections correspondent à différents stades de souffrance mammaire qu’il est crucial d’identifier précocement pour prévenir des complications.

 

 

Physiologie

La lactogenèse désigne le processus physiologique permettant la sécrétion de lait maternel. 

Elle se décompose en deux phases :

  1. Phase colostrale (phase I) : elle débute pendant la grossesse et se termine à J+3 après l’accouchement. Cette phase est caractérisée par la production de colostrum, un lait très concentré, riche en eau, sels minéraux et immunoglobulines, qui permet au nourrisson d’améliorer sa technique de succion sans nécessiter de grands volumes d’apports nutritionnels.
  2. Montée de lait (phase II) : cette phase débute avec la chute des taux de progestérone après l’accouchement, favorisant la sécrétion de prolactine et une augmentation progressive de la production lactée. Les volumes passent de 30 à 50 mL/jour à J+1 (colostrum), à environ 150 mL/jour à J+3, puis à 600 mL/jour à la deuxième semaine postpartum.

Cette montée de lait marque également l’apparition des premières complications mammaires, telles que l’engorgement.

Prog 25

L’engorgement mammaire

L’engorgement mammaire est une réponse physiologique transitoire caractérisée par une augmentation rapide du volume des seins due à un œdème (stase capillaire et lymphatique) et à l’accumulation de lait. Ce phénomène témoigne de l’installation du stade II de la lactogenèse et survient exclusivement après J+3. Il régresse spontanément en 24 à 48 heures.

L'engorgement devient pathologique s'il s'accompagne de fièvre, de frissons, de douleur et d’une gêne à l’écoulement du lait.

Les signes cliniques de l’engorgement mammaire :

  • Fébricule (38°C)
  • Seins tendus, durs et douloureux de manière diffuse
  • Absence de signes inflammatoires localisés (placards, rougeur)
  • Signe de Budin négatif (pas d’écoulement purulent)

 

La prise en charge repose sur une évacuation régulière du lait :

  • Tétées fréquentes, en particulier sur le sein douloureux
  • Expression manuelle du lait ou utilisation d’un tire-lait
  • Bain chaud pour faciliter l’écoulement lacté

Des pratiques comme la restriction hydrique ou le bandage des seins sont contre-productives et aggravent l’inconfort. Si négligé, l’engorgement peut évoluer vers une mastite.

Prog 33 4

La mastite 

La mastite est une inflammation du sein qui peut être non infectieuse (lymphangite) ou infectieuse (galactophorite).

 

Les signes cliniques sont habituellement unilatéraux et incluent :

  • Inflammation localisée (rougeur, douleur, chaleur) pouvant évoluer vers une cellulite avec aspect en peau d’orange
  • Quadrant supéro-externe souvent atteint
  • Facteurs favorisants : engorgement, crevasses, lésions du mamelon

Le test de Budin permet de différencier les deux types de mastites.

 

1. La mastite non infectieuse (Lymphangite)

Cette forme est caractérisée par des signes locaux précoces (rougeur, douleur) associés à des symptômes généraux souvent marqués (fièvre > 39°C, symptômes pseudo-grippaux).

  • Test de Budin négatif (absence de pus dans le lait)

 

Prise en charge :

  • Identification et correction des facteurs limitant une tétée efficace
  • Écoulement optimal du lait (tétées fréquentes et sans restriction)
  • Application locale de froid pour soulager les symptômes
  • Anti-inflammatoires, si nécessaire

La suspension de l’allaitement est à proscrire, car elle favorise l’apparition d’un abcès. Si la tétée est trop douloureuse, l’expression du lait (manuelle ou avec un tire-lait) est indispensable

En l’absence de traitement, la lymphangite peut évoluer vers une mastite infectieuse.

Prog 50

2. La mastite infectieuse (Galactophorite)

La galactophorite est généralement la complication d’une lymphangite non traitée.

  • Les signes généraux (fièvre < 38,5°C) sont moins marqués
  • Le sein atteint est très inflammatoire, tendu, douloureux, avec un test de Budin positif (émission de pus)

 

Prise en charge :

  • Antibiothérapie adaptée au Staphylocoque (ex. Augmentin 1 g x 3/j pendant 10 jours) ;
  • L’allaitement est interrompu du coté atteint. Le lait doit être tiré et jeté. Il ne doit pas être donné à l’enfant ;
  • Traitement symptomatique (anti-inflammatoires selon indication).
Prog 66 4

L’abcès mammaire

Dans le cadre de l’allaitement, l’abcès mammaire, forme la plus sévère de mastite, est devenu rare grâce à un suivi postpartum très important en France. Le diagnostic repose sur une échographie mammaire mettant en évidence une collection liquidienne hétérogène à paroi épaisse.

Prise en charge :

  • Drainage percutané ou chirurgical
  • Antibiothérapie adaptée aux prélèvements bactériologiques

L’allaitement est contre-indiqué dans ce contexte.

Prog 75

Conclusion 

Le diagnostic précoce de ces affections et l’accompagnement des mères en période de post-partum sont essentiels pour optimiser le maintien de l’allaitement maternel. Lorsque ce dernier est choisi, il présente des bénéfices largement documentés pour le développement et la santé de l’enfant. 

Cependant, il peut être compromis par ces affections mammaires, souvent en raison d’un manque d’information ou d’inquiétudes maternelles liées à ces complications.

Ces connaissances ne doivent pas être limitées aux gynécologues et sages-femmes. De nombreux allaitements sont interrompus en raison d’une information insuffisante ou incohérente, fréquemment délivrée par des professionnels de santé peu formés à ces problématiques spécifiques.

Le rôle des soignants, y compris dans les services d’urgence, est déterminant. Une compréhension approfondie des affections mammaires est nécessaire pour promouvoir la poursuite de l’allaitement, lorsque cela est compatible avec la santé de la mère et de l’enfant. 

Bien que le traitement de ces affections soit souvent conservateur, une communication claire et bienveillante permet aux jeunes mères de préserver le lien nourricier avec leur enfant durant cette période critique du post-partum.

Prog 100 3
135

 

 

Les points clés

 La détection précoce des affections mammaires favorise le maintien optimal de l’allaitement maternel tout en réduisant le risque de complications susceptibles de compromettre sa poursuite

 L’engorgement mammaire, bien que physiologique, nécessite une évacuation régulière du lait pour éviter son évolution vers une mastite

La prise en charge rapide et adaptée des mastites est cruciale pour prévenir les complications sévères comme l’abcès mammaire

 

 

 

 

 

Les sources de l'article :
https://www.gyneco-online.com
https://www.msdmanuals.com
https://www.medg.fr

 

 

Les sources de l'image :
https://allaitement-toutunart.fr
https://www.lllfrance.org/
https://slideplayer.fr : Présentation de A. BENSENOUCI
https://www.aboutkidshealth.ca/
https://www.larousse.fr/

Date de dernière mise à jour : 04/04/2025

Questions / Réponses

Aucune question. Soyez le premier à poser une question.
Anti-spam