Le cœur est un organe musculaire qui joue un rôle essentiel en tant que pompe dans l'organisme. Il permet, par des contractions rythmiques, l'éjection de sang oxygéné dans la circulation systémique et de sang pauvre en oxygène dans la circulation pulmonaire, facilitant ainsi le transport de l'oxygène dans tout le corps.
Ces contractions cardiaques sont régulées par un processus de dépolarisation ionique, qui se caractérise par des changements dans les microcharges électriques. L'initiation du battement cardiaque repose sur la génération d'une impulsion électrique, qui se produit au niveau du nœud sinusal (nœud de Keith et Flack), situé dans l'oreillette droite. L'influx électrique se propage ensuite vers le nœud atrioventriculaire (nœud Aschoff-Tawara), suivi par le faisceau de His et les fibres de Purkinje. Cette conduction électrique est enregistrable par électrocardiogramme (ECG).
Lorsque l'activité électrophysiologique d’une partie de ce réseau (nœud sinusal, atrioventriculaire ou faisceaux de His) devient insuffisante pour maintenir une fonction de pompage efficace, il peut être nécessaire d'implanter un stimulateur cardiaque artificiel, communément appelé pacemaker. Cet appareil, implanté sous la peau ou parfois directement dans les cavités cardiaques droites (Pacemaker Micra), délivre des impulsions électriques à intervalles réguliers, induisant ainsi des battements cardiaques. L'activité électrique générée par le pacemaker est détectable via des surveillances électrocardiographiques, où elle se manifeste sous la forme d'un signal appelé "spike".
Les spikes représentent des signaux électriques visibles sur les tracés ECG, reflétant une activité cardiaque stimulée (ou rythme électro-entrainé). Sur l'ECG, le signal électrique généré par le pacemaker se manifeste par une onde verticale, pointue et brève. En fonction du mode de stimulation, ce signal peut précéder le rythme atrial, le rythme ventriculaire ou les deux. Les spikes apparaissent généralement lorsque le rythme de conduction naturel est compromis et que le pacemaker électro entraîne le cœur.
Les pacemakers peuvent être classés en trois types principaux en fonction du nombre et de la localisation des sondes utilisées pour stimuler les différentes parties du cœur. Voici une description de chaque type :
- Pacemaker mono-chambre (une sonde) :
- Localisation : Ce type de pacemaker possède une seule sonde qui est généralement placée soit dans l'oreillette droite, soit dans le ventricule droit.
- Indications : Utilisé principalement pour des patients ayant une bradycardie sinusale (ralentissement du rythme cardiaque au niveau du nœud sinusal) ou un bloc auriculo-ventriculaire (bloc AV) simple.
- Fonctionnement : La sonde détecte l’activité électrique ou délivre une stimulation uniquement dans la chambre cardiaque où elle est placée. Par exemple, dans le cas d'une stimulation ventriculaire, il intervient pour déclencher des contractions ventriculaires lorsque nécessaire.
- Pacemaker double-chambre (deux sondes) :
- Localisation : Ce pacemaker possède deux sondes, l’une placée dans l'oreillette droite et l’autre dans le ventricule droit.
- Indications : Indiqué pour les patients ayant des troubles de la conduction entre les oreillettes et les ventricules, tels que des blocs auriculo-ventriculaires de haut degré (degré II et III), ou ceux ayant besoin d'une synchronisation entre les contractions auriculaires et ventriculaires.
- Fonctionnement : Les sondes permettent de stimuler ou de détecter l’activité électrique dans les deux chambres droites, synchronisant ainsi les contractions auriculaires et ventriculaires. Cela aide à maintenir un rythme cardiaque physiologique, en favorisant la contribution des oreillettes au remplissage ventriculaire.
- Pacemaker triple-chambre (
Pacemaker de resynchronisation cardiaque ou CRT pour Cardiac Resynchronization Therapy)
- Localisation : Ce pacemaker possède trois sondes, placées dans l'oreillette droite, le ventricule droit, et le ventricule gauche (généralement dans une branche de la veine coronaire pour stimuler la paroi latérale du ventricule gauche).
- Indications : Indiqué pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque avec une dyssynchronie ventriculaire, comme ceux présentant un élargissement du complexe QRS ou un bloc de branche gauche, afin de synchroniser les contractions des deux ventricules.
- Fonctionnement : Le CRT permet de stimuler simultanément les ventricules droit et gauche pour améliorer la synchronisation entre les deux chambres et ainsi optimiser l’efficacité de la contraction cardiaque. Cette approche améliore le débit cardiaque et la fonction globale du cœur chez les patients en insuffisance cardiaque.
La présence de spikes à chaque contraction cardiaque indique un rythme électro-entraîné, qui est généralement identifiable, sauf en cas de sonde bipolaire. Les sondes bipolaires, bien plus performantes et précises que les unipolaires, deviennent la norme. Il est donc de plus en plus difficile d’identifier les spikes sur un ECG.
Toutefois, la stimulation ventriculaire d’un pacemaker induit généralement des QRS élargis type bloc de branche G (car la sonde du pacemaker est le plus souvent dans les cavités droites). Cela rend l’interprétation d’un ECG électro entrainé plus complexe lorsque l’on recherche une ischémie.
Enfin, il est important pour tout médecin déclarant le décès d’un patient de rechercher et de retirer le pacemaker du patient. En effet, ceux-ci contiennent des batteries au lithium susceptibles d’exploser lors de la crémation. Seul le boîtier sous cutanée est retiré, les fils pouvant être laissés en place. Bien évidemment, une exception est faite pour les pacemaker intracardiaques (Micra).