Lorsque leur inflammation est trop récurrente (5 à 7 angines par an) ou qu’elles deviennent obstructives et gêne la respiration nocturne, on procède à leur ablation, c’est l’amygdalectomie.
Après une amygdalectomie, une escarre (ou croûte) se forme naturellement sur la zone opérée pour protéger les tissus sous-jacents pendant la cicatrisation.
La chute d’escarre post-amygdalectomie survient habituellement entre le 5e et le 10e jour après l'intervention. Il s’agit d’un phénomène normal et attendu dans le processus de guérison : l’escarre se détache lorsque le tissu sous-jacent commence à cicatriser.
Cependant, la chute d’escarre peut être à l'origine d'une complication potentiellement grave : le saignement secondaire, qui survient dans environ 3 à 5 % des cas après une amygdalectomie. Ce saignement peut être bénin, mais dans certains cas, il nécessite une réintervention chirurgicale, notamment lorsque le saignement est important. Ce type de saignement est souvent provoqué par l'exposition de vaisseaux sanguins sous-jacents après la chute de l’escarre.
Pour mieux comprendre la gravité du saignement secondaire, il est nécessaire de rappeler certains éléments anatomiques. Les amygdales sont vascularisées par plusieurs branches de l'artère carotide externe et se situent à proximité du plexus veineux péri-amygdalien. Lors de la chute de l'escarre, l'exposition d'une branche artérielle peut provoquer un saignement important, souvent difficile à contrôler.
Il est également crucial de noter que la majorité des patients subissant une amygdalectomie sont des enfants. Chez ceux-ci, une ingestion significative de sang peut passer inaperçue avant qu'ils ne signalent le problème à un adulte, notamment lorsque la chute de l’escarre survient la nuit. Ce phénomène explique pourquoi certains enfants consultent après une hémorragie importante, pouvant déjà les placer en état de choc hémorragique.
Une erreur fréquente lors de l’admission de ces jeunes patients aux urgences est de sous-estimer la gravité de la perte sanguine en se basant uniquement sur la quantité visible. Bien que le débit hémorragique soit souvent modéré, il est essentiel de comprendre que le saignement ne s'arrêtera généralement pas de lui-même et peut persister depuis plusieurs heures. Il convient donc de ne pas se montrer trop rapidement rassurant face à une présentation apparemment peu inquiétante.
Une évaluation médicale rigoureuse est indispensable pour tout patient présentant un saignement post-amygdalectomie, et dans la plupart des cas, une consultation spécialisée en oto-rhino-laryngologie (ORL) sera nécessaire.
En conclusion, la chute d’escarre post-amygdalectomie est un phénomène attendu et fait partie du processus naturel de guérison. Cependant, elle s’accompagne de risques, notamment celui de saignement secondaire, qui peut dans certains cas nécessiter une prise en charge médicale d'urgence. Bien que potentiellement mortelle, cette complication reste rare. La majorité des patients se rétablissent sans incident majeur.