+ Pour la difficulté d’évaluer la douleur : L’évaluation de la douleur peut parfois se montrer délicate voir difficile, surtout chez les patients non communicants (enfants en bas âge, barrière de la langue, personne âgée…). Il faut pouvoir maitriser les outils d’hétéroévaluation et repérer d’éventuels signes qui témoigneraient d’une sensation douloureuse.
+ Pour la difficulté de prendre en charge la douleur :
- En situation d’urgence, la priorité est donnée à la gestion de l’urgence vitale et à ses conséquences. Cette priorité ayant pour seule finalité de préserver la vie, elle passera devant la gestion de la douleur.
- La limite imposée par les traitements antalgiques. Comme tous les médicaments, les antalgiques ont des effets indésirables à surveiller, et qui peuvent parfois être une contre-indication à leur emploi. On ne pourra, par exemple, pas prendre en charge une personne insuffisante rénale ou hépatique de la même manière qu’une autre. L’antalgie et l’anesthésie sont plus contraignante que certains autres gestes, surtout chez la personne âgée.
- La limite imposée par la capacité des intervenants ou des moyens : Parfois, en fonction de la situation, il sera difficile de mettre en place certaines thérapeutiques :
- Les intervenants : Lorsque les compétences (on parle de compétences d’un point de vue législatif) nécessaires pour mettre en place une solution analgésique adéquate ne sont pas présentes (aide-soignante seule sans possibilité de donner de médicaments, protocole infirmier insuffisant à l’accueil des urgences ou en préhospitalier, infirmière d’étage sans prescription de «si besoin».
- Les moyens : La mise en place de certaines thérapeutiques demande parfois des équipements de surveillance qui ne peuvent pas être présents partout (cas de la titration de morphine en étage, ou de l’analgésie post-op après la salle de réveil, qui nécessite des moyens humain et matériels à proximité).
Il existe une fausse croyance qui consisterait à ne pas faire cesser une douleur, surtout d’origine médicale, pour permettre un examen clinique qui permettrait de mettre en évidence l’origine. En réalité, il est plus facile d’examiner une personne qui n’a plus mal – qui de toute façon pourra vous parler sans problème de son expérience douloureuse – qu’une personne en position de confort/défense type «chien de fusil» qui ne peut pas être approchée, tant la douleur est insupportable…
Au quotidien, dans les services de soins, des «équipes douleur», sont de formidables ressources pour accompagner les équipes de proximité dans la prise en charge holistique de la douleur. La réponse n’est pas systématiquement médicamenteuse : immobilisation, chaud/froid, électrostimulation… Eviter l’oligoanalgésie, c’est être au clair avec les différentes techniques d’évaluation de la douleur en fonction du public accueilli, et maitriser la réponse possible pour la soulager…