Pour bien comprendre ce phénomène, il faut se rappeler les réactions physiologiques déclenchées par l’hypothermie. Lorsque la température corporelle diminue, les vaisseaux périphériques se vasoconstrictent pour préserver la chaleur au niveau du tronc et du cerveau. Ce mécanisme va s’inverser lors du réchauffement du patient. La vasodilatation périphérique peut déclencher un afterdrop, parfois mortel.
Mécanismes du phénomène d'afterdrop : En cours de réchauffement, survient fréquemment un « collapsus de réchauffement » (afterdrop). Ce phénomène est dû à une recirculation lors des premières mobilisations de la victime, du sang froid stagnant en périphérie. Cet afterdrop peut être la cause d’arrêts cardiaques survenant en cours de prise en charge, alors que le patient avait été initialement extrait du milieu hostile avec une activité cardiaque conservée.
Ce phénomène est d’ailleurs utilisé en chirurgie cardiaque pour arrêter le cœur (hypothermie induite) grâce à l’injection d’un bolus de sérum physiologique froid (4°C).
Lutte contre l’afterdrop : Pour limiter les effets potentiellement mortels du phénomène d’afterdrop chez un patient hypotherme, certaines précautions doivent être appliqués dès les premiers secours :
- Immobilisation des membres : Il est crucial d’éviter de lever les bras ou les jambes du patient durant son conditionnement pour éviter une redistribution rapide du sang froid vers le cœur, aggravant l’hypothermie centrale. Si la température corporelle centrale est inférieure à 32 °C, le patient ne doit pas être redressé, même s’il est conscient, pour limiter les risques d’arrêt cardiorespiratoire.
- Réchauffement ciblé et progressif :
- Pour des températures comprises entre 32 et 35 °C, le réchauffement externe passif doit cibler les zones centrales (poches de chaleur sur les axes artériels axillaire et inguinaux), sans réchauffer les extrémités pour éviter la vasodilatation périphérique rapide.
- En dessous de 32 °C, ce réchauffement passif doit être complété par une perfusion de sérum physiologique réchauffé. Cela peut être réalisé dans un contexte urbain à proximité d’un chauffage d’appoint, ou en situation d'urgence en haute montagne, par une ou plusieurs poches laissées au contact direct et prolongé avec le corps d’un secouriste, sous les vêtements pendant la marche d’approche par exemple.
- Contrôle et transfert : Ce réchauffement doit être progressif et sous surveillance clinique constante pour éviter les effets d’afterdrop. Un transfert rapide vers un service de réanimation, avec possibilité de circulation extracorporelle (C.E.C.), est essentiel pour garantir un réchauffement central homogène et sécurisé du patient hypotherme.
Ces pratiques visent à stabiliser la température centrale de façon contrôlée et à réduire les risques de complications cardiovasculaires graves associées à l’hypothermie et au phénomène d’afterdrop