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(PAR) Cas clinique : Malaise avec troubles du comportement

Vendredi. Un homme de 43 ans se présente aux urgences vers 14h30, accompagné de son épouse.

A l’entretien I.O.A., la personne a un contact étrange. Il refuse d’enlever ses écouteurs, sa capuche et ses lunettes de soleil. Le discours n’est pas fluide, les réponses ne sont ni succinctes ni complètes. Cet homme vous explique que depuis environ deux semaines il fait des épisodes de malaise sans prodromes avec occasionnellement des spasmes et une hypoesthésie du bras droit. Il explique qu’aujourd’hui, la perte de sensibilité s’étend à tout l’hémicorps droit. Il se décrit lui-même comme déconnecté.

Il raconte aussi avoir consulté son médecin traitant au début des symptômes, et qu’il lui a prescrit un électroencéphalogramme. L’examen passé en externe est selon les dires du patient «normal, ils n’ont rien trouvé».

Il raconte aussi avoir consulté son médecin traitant au début des symptômes, et qu’il lui a prescrit un électroencéphalogramme. L’examen passé en externe est selon les dires du patient «normal, ils n’ont rien trouvé».

Ce matin, face à une accentuation des symptômes, il s’est présenté au service des urgences de l’hôpital le plus proche de chez lui, il explique qu’ils lui ont fait une prise de sang et un électrocardiogramme. Il devait passer un scanner, mais il n’a pas supporté le délai d’attente. En regardant sur Internet, il a pu lire que les forums recommandaient de passer un I.R.M., ce que l’hôpital précédent lui aurait refusé. Face à ce désaccord, il a choisi de quitter les urgences et de se présenter dans cet autre service d’urgences.

Le bilan à l’accueil des urgences est celui-ci :

La victime est installée en box deux heures et demie après pour voir le médecin.

Prévenu de la situation, le médecin reprend avec lui l’anamnèse en lui expliquant qu’on ne prescrivait pas une I.R.M. uniquement sur l demande d’un patient. L’entretien est complexe, le patient montre quelques bizarreries du comportement.

Le médecin téléphone à l’hôpital précédent, pour avoir des informations sur le passage de ce matin. Le médecin au téléphone confirme que le comportement du patient rend le dialogue difficile et indique :

«Il est étrange de contact ce monsieur, c’est pas évident de savoir exactement… Pour nous,  la bio n’a rien montré et l’électro est normal, on attendait un scan mais il s’est barré quand j’ai refusé son I.R.M.».

Il note en observation :

Patient de 43 ans, a consulté ce matin aux urgences de ***** mais parti car n’a plus confiance. Depuis deux semaines, «crises» de 5 à 10 minutes pouvant aller jusqu’à une heure (3e épisode au S.A..U. ce jour, à fait 4 crises dans la nuit). Perte de contrôle de l’hémicorps droit, n’arrive pas à coordonner sa main, ne tient pas en équilibre. Bio RAS, E.C.G. RAS, a eu E.E.G. la semaine dernière RAS. Parti car refus de scanner, veut une I.R.M.

Le médecin retourne voir le patient pour approfondir son examen, il essaye de convaincre le patient de passer un scanner cérébral, ce que le patient refuse catégoriquement «Je ne veux pas qu’on m’irradie pour rien, je veux passer une I.R.M., si je ne peux pas avoir confiance en vous, je me casse». Le dialogue est de plus en plus en plus mauvais et les bizarreries de plus en plus fréquentes.

 

Le médecin choisit de s’entretenir avec la compagne du patient, qui attendait jusque-là en salle d’attente. L’épouse du patient admet un changement de comportement brutal de la part de son mari. Elle ne le reconnait plus. Il est de plus en plus difficile d’être avec lui. «Depuis environ un mois, il est dans son monde». Un accord moral est alors passé avec le patient. L’urgentiste propose de lui prescrire l’I.R.M., mais négocie en échange le fait que le patient consulte le psychiatre de liaison si l’imagerie revient normale. Le patient accepte cet accord. Le médecin prescrit une I.R.M. dont les résultats sont disponibles.

Un nouveau bilan sanguin est lui aussi prescrit, les résultats sont disponibles.

Le résultat de l’I.R.M. est disponible.

Le diagnostic retenu est celui de tumeur pariétale gauche à évolution imprévisible ou inconnue des méninges cérébrales.

Après avis auprès du neurologue de garde, le patient est hospitalisé en service de neurologie pour exploration.

Date de dernière mise à jour : 06/06/2021

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